L’exposition «To Tell a Story» rassemble des photographies, des objets et des dispositifs sonores de Laurent Montaron. Elle est pensée comme une réflexion sur la manière dont nous nous engageons avec le monde à travers des récits. On y voit notamment une série de photographies prises dans les lieux qui ont vu naître la philosophie antique sur les pourtours du bassin méditerranéen : il y a près de 2500 ans, les philosophes présocratiques ont été les premiers en Occident à se mettre en quête d’une description objective de la réalité, se basant sur leurs observations plutôt que sur des mythes. Paradoxalement, cette recherche de vérité nous est parvenue seulement par le biais de citations et de textes rapportés, et c’est donc grâce à des histoires que l’on connaît l’origine de notre pensée rationnelle. Susan Sontag soulignait déjà en 1983 dans l’entretien télévisé «To Tell a Story» que la notion de narration renvoie à deux définitions diamétralement opposées : d’un côté, il s’agit de rapporter des faits, tandis que de l’autre, il s’agit de créer une fiction. L’exposition traverse cette fonction ambivalente du récit sous la forme d’une archéologie des représentations qui vient mettre en perspective l’omniprésence des images et de la mise en récit aujourd’hui. Dans un moment où nos croyances s’attachent
plus que jamais aux histoires auxquelles nous nous identifions, et où, dans le sillage des réseaux sociaux et des algorithmes dévolus à l’économie de l’attention, divers récits coexistent jusqu’à remplacer les faits; les œuvres de l’artiste nous invitent à penser ce qui rend possible une expérience partagée du monde.
To Tell a Story
1 juillet - 29 septembre 2024
10h00 - 19h30
École nationale supérieure de la photographie
30 avenue Victor Hugo Arles
Building, 2024
Photographie, tirage pigmentaire sur papier FineArt Baryta Hahnemühle 105 x 135 cm
Le Building de la Canebière est un édifice emblématique de 10 étages construit au cœur de Marseille en 1952 par les architectes Fernand Pouillon, René Egger et Jean-Louis Sourdeau. Exemple de la reconstruction d’après-guerre c’est un immeuble-ville, combinant logements, commerces, bureaux et parkings. Rénové en 2018, il demeure aujourd’hui l’incarnation d’une époque et évoque l’utopie urbaine qui l’a engendré.